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À l’invitation de Monsieur Dominique Bonnet, Président de la Communauté de Commune Cœur de Jura et maire de Poligny, LireClavel et Josette Pratte ont lancé la célébration du centième anniversaire de la naissance de Bernard Clavel.
L’événement s’est déroulé dans le Salon d’Honneur de l’ancien Hôtel de Ville de Poligny. Présentées par Thierry Baglan, vice-président de LireClavel, et par Pascal Chastin, membre fondateur, associations et municipalités maîtres d’œuvre des événements à venir en étaient les vedettes. Elles ont dit ce qui les a poussées à mettre tant d’énergie et de cœur dans cette entreprise. Leurs interventions ont mis en lumière la portée de l’œuvre de celui que Le Magazine Littéraire qualifiait, en 2003, de « Porteur de Mondes ».
Également présentes, l’épouse et la fille de feu Gérard Chappez auteur de Bernard Clavel une destinée jurassienne tout juste sorti de presse.
Une manifestation empreinte d’enthousiasme et d’émotion.
Sur la page du centenaire :
Consultez sur la page du centenaire le programme, par date, des évènements. >
La guerre.
La peste.
L’accueil des immigrés.
La pauvreté.
La misère. La mise en danger de la planète.
L’irruption fracassante des nouvelles technologies.
La cruauté envers les animaux. La solitude au milieu des hommes.
Le handicap.
La fin de vie. Le glissement de la délinquance à la criminalité.
La corruption.
Le pouvoir écrasant des puissants.
Les autochtones.
Encore et toujours: la guerre.Mais où est-ce qu’on va ? C’est la question que Bernard Clavel n’a cessé de se poser.
Comment faire pour empêcher le pire d’arriver ?Il a fait ce qu’il a pu. Il a raconté des histoires. Avec une capacité singulière à se glisser dans la peau des petites gens, des animaux, de la nature.
– C’est un immigré, réfugié de la guerre d’Espagne, qui m’a appris à aimer ma terre. *
L’Espagnol !Bernard Clavel aimait sa terre. Bernard Clavel aimait LA terre. Il l’aimait de toutes ses forces, il l’aimait parce qu’elle l’habitait. Cela se sentait, cela se voyait. À sa façon de marcher. À sa façon de s’habiller.
– Vous ne faites pas faire vos costumes à Londres ? s’était étonné grand-père en invitant l’auteur des Fruits de l’Hiver, Prix Goncourt 1968, à s’asseoir dans le petit appartement de la demeure des Braves où il vivait avec ma grand-mère, ma gangan.
C’était en novembre 1977, quelques jours après ma rencontre avec celui qui nous réunit ici, à Poligny, aujourd’hui.
Non. Bernard Clavel ne faisait pas faire ses costumes à Londres. Il ne portait pas de cravate. Mais ces deux hommes-là se sont estimés, se sont aimés, profondément, vraiment.
Trois ans plus tard, nous sommes, ma gangan, Bernard et moi, à l’Hôtel Dieu de Québec dans la chambre où grand-père s’éteindra, en costume cravate, quelques jours après.
Grand-père demande à rester seul avec Bernard.
Ce qui suit, je le tiens de Bernard qui me l’a confié comme on confie un trésor.
– Quelques jours avant de mourir – elle est morte à trente-six ans ! – Marie, notre belle-fille, la mère de Josette, a demandé à nous voir seuls, Georgine et moi. « Yves va être bien trop occupé pour s’occuper de Josette. En plus, avec le caractère qu’ils ont tous les deux, il va y avoir des étincelles. » Elle a tourné la tête vers la fenêtre qui donnait sur le ciel avant d’ajouter, sans nous regarder : « Je vous la confie. »
Grand-père a planté ses yeux d’un brun aigu, dans les yeux gris bleus de Bernard.
– Vous savez que je ne pas d’accord avec votre situation. Mais je vous fais confiance, dès que vous aurez obtenu votre divorce, vous épouserez Josette. Je vous la confie. Sa grand-mère et moi, nous avons, essayé d’en faire une fille bien. Malheureusement Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir ont eu le dessus.
Harricana, le premier tome du cycle Le Royaume du Nord, paru en 1983, est dédié à grand-père.
« À la mémoire de l’Honorable Garon Pratte qui m’a confié ce que je possède de plus précieux. »
À mon tour, je vous confie, ce que je possède de plus précieux : Bernard Clavel – l’homme intemporel.
Ses combats d’hier sont nos défis d’aujourd’hui.
– Le 9 octobre 2010, n’ayant pu me rendre à l’enterrement de Bernard Clavel, je m’étais alors fait une promesse un peu folle : qu’en 2023 nous remettions son oeuvre dans la lumière. C’est pourquoi, ce matin, je suis empli de joie et d’émotion.
C’est à Clavel que je dois l’amour du Jura, c’est en courant derrière ses personnages, Julien, Bisontin, Marie, Hortense, Mathieu, Pablo, Clopineau et tous les autres, que je me suis frotté à ce pays au point de vouloir y vivre. Ces personnages sont des êtres de chair qui ont traversé ma vie et auxquels je pense souvent.
En Franche-Comté, j’en ai fait l’expérience, il est très facile de trouver sa place quand on a Clavel dans ses bagages ! Son nom est un mot de passe qui éclaire les visages et ouvre les portes, voire les cœurs ! Parmi les personnes qui ont voulu rendre hommage à « leur » auteur, il en est une qui a écrit sa biographie et qui n’est malheureusement pas avec nous. C’est Gérard Chappez, disparu trop tôt, dont la compagne Michèle nous fait le plaisir d’être avec nous. Cependant, Gérard est un peu présent ce matin car son livre, qui vient de sortir des presses, nous arrive, encore tout chaud, comme les croissants de La maison des autres.
Je suis plein de gratitude pour toutes les personnes qui vont célébrer Clavel avec cœur et imagination. Pourtant, toutes ces personnes rendent notre travail difficile : dès que le calendrier de l’année est enfin bouclé, il est déjà obsolète car on frappe à notre porte pour ajouter quelque chose à la liste ! D’ailleurs, quelque chose me dit que 2023 n’est que le début de cette aventure.
Je laisse maintenant la parole à celles et ceux qui, avec authenticité et humanité, valeurs chères à Bernard Clavel, vont lui rendre l’hommage qu’il mérite.
Rétrospective des articles à propos de Bernard Clavel et LireClavel dans la presse depuis la création de l’association.
© Photos : Pascal Chastin et Catherine Dubien/LireClavel. Tous droits réservés.